Problèmes autres que l’alcoolisme

Les Alcooliques Anonymes® sont une association d’hommes et de femmes qui partagent entre eux leur expérience, leur force et leur espoir dans le but de résoudre leur problème commun et d’aider d’autres alcooliques à se rétablir.

  • Le désir d’arrêter de boire est la seule condition pour devenir membre des AA. Les AA ne demandent ni cotisation ni droit d’entrée ; nous nous finançons par nos propres contributions.
  • Les AA ne sont associés à aucune secte, confession religieuse ou politique, à aucun organisme ou établissement ; ils ne désirent s’engager dans aucune controverse ; ils n’endossent et ne contestent aucune cause.
  • Notre but premier est de demeurer abstinents et d’aider d’autres alcooliques à le devenir.

Copyright © by AA Grapevine, Inc.
Traduit et reproduit avec autorisation.
Titre original

Problems Other Than Alcohol

Copyright © A.A. Grapevine, Inc., Février 1958

Reproduit avec autorisation

par A.A. World Services, Inc.

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par Alcoholics Anonymous World Services, Inc.

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Problèmes autres que l’alcoolisme

par Bill W.
(cofondateur d’Alcooliques anonymes)


Il n’y a peut-être pas de pire souffrance que celle du toxicomane, particulièrement celui qui s’adonne à la morphine, à l’héroïne et autres stupéfiants. Ces drogues déforment le cerveau, et le terrible processus du sevrage est un supplice pour le corps. À côté du toxicomane et de ses souffrances, nous les alcooliques faisons figure de collégiens. Les barbituriques, consommés à l’excès, sont presque aussi mauvais. Il y a des membres AA qui se sont merveilleusement bien rétablis, tant de la bouteille que de l’aiguille. Il y en a aussi beaucoup qui ont été victimes — ou le sont encore — des barbituriques et même des nouveaux tranquillisants.

Par conséquent, le problème de la toxicomanie sous ses différentes formes nous touche tous de près et suscite en nous énormément d’intérêt et de sympathie. Autour de nous, les hommes et les femmes qui tentent de cette façon de régler leurs problèmes ou d’y échapper sont légion. Plusieurs membres AA, en particulier ceux qui ont souffert de telles dépendances, demandent maintenant: «Que pouvons-nous faire en matière de drogues, à l’intérieur de notre mouvement comme à l’extérieur?»

Pour venir en aide aux personnes qui consomment des médicaments ou de la drogue, il existe déjà différents programmes qui utilisent les Douze Étapes et auxquels des membres AA prennent une part active. Cela soulève toute une série de questions sur la bonne façon de mettre en relation de tels programmes, déjà très efficaces, avec les groupes AA et l’ensemble du mouvement.

Cette brochure est inspirée d’un article écrit en 1958 par Bill W., un de nos fondateurs.
Si des parties du texte peuvent sembler désuètes, les questions traitées sont toujours d’actualité


Plus précisément, nous nous posons les questions suivantes :

  1. Un non-alcoolique dépendant des médicaments ou des drogues peut-il devenir membre AA?
  2. Cette personne peut-elle, en tant qu’invitée, assister à une réunion AA «ouverte » afin d’y trouver aide et inspiration?
  3. Un toxicomane qui souffre aussi d’un véritable problème d’alcool peut-il devenir membre AA ?
  4. Des membres AA ayant souffert à la fois d’alcoolisme et de toxicomanie peuvent-ils se constituer en groupes spéciaux pour aider d’autres membres ayant des problèmes de drogue?
  5. Un tel groupe pourrait-il se présenter comme un groupe AA ?
  6. Pourrait-il accepter également des toxicomanes non alcooliques?
  7. Si oui, ces toxicomanes et pharmacodépendants non alcooliques devraient-ils être amenés à se considérer comme membres AA ?
  8. Y a-t-il des objections à ce que des membres AA ayant eu les deux problèmes se joignent à des groupes de l’extérieur, tels que Narcotiques anonymes?

Si les réponses à certaines de ces questions sont évidentes, d’autres le sont moins. Je crois cependant que toutes peuvent facilement trouver une solution satisfaisante pour tous, si nous considérons attentivement les Traditions AA qui s’appliquent ainsi que notre longue expérience des groupes spéciaux auxquels participent activement des membres AA, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre association.

Il y a certaines choses que ne peut pas faire le mouvement AA pour qui que ce soit, peu importe quels soient nos désirs ou nos sympathies. Notre premier devoir, en tant qu’association, est d’assurer notre propre survie. Nous devons donc éviter les distractions et l’éparpillement.

Un groupe AA ne peut pas se charger de tous les problèmes personnels de ses membres, encore moins de ceux de l’univers. Un groupe AA n’a qu’un seul but: la sobriété, c’est-à-dire la libération de l’alcool, par l’étude et la pratique des Douze Étapes. Des groupes ont souvent tenté d’autres expériences et ils ont toujours échoué. Il a aussi été démontré qu’il n’existe aucun moyen de transformer des non-alcooliques en membres AA. Nous devons réserver l’adhésion aux seuls alcooliques, et un groupe AA ne doit avoir qu’un seul but. Si nous dévions de ces principes, il est presque assuré que nous tomberons. Et si nous tombons, nous ne pourrons aider personne.

Voyons quelques exemples typiques de notre expérience. Il y a plusieurs années, nous avons voulu intégrer dans nos rangs les membres de nos familles et des amis non alcooliques qui nous avaient été d’un grand secours. Ces personnes avaient aussi leurs problèmes, et nous voulions les compter parmi nous. Malheureusement, cela s’est révélé impossible. Ces personnes ne pouvaient pas parler le langage AA et, à part quelques exceptions, ne pouvaient pas s’identifier aux nouveaux membres. Il leur était donc impossible de «faire de la Douzième Étape» de façon soutenue.

Même s’il s’agissait de gens proches de nous, nous avons dû leur refuser l’adhésion au mouvement. Nous pouvions seulement les accueillir dans nos réunions «ouvertes».

Par conséquent, je ne vois aucun moyen de transformer en membres AA des toxicomanes non alcooliques. L’expérience démontre clairement que cette règle ne souffre aucune exception, même si alcooliques et toxicomanes sont comme des cousins germains en quelque sorte. Si nous persistons à vouloir les accueillir, je crains que ça nuise aux toxicomanes eux-mêmes aussi bien qu’au mouvement AA. Nous devons accepter le fait qu’aucun non-alcoolique, peu importe sa détresse, ne peut être transformé en alcoolique membre AA.

Mais supposons que nous ayons affaire à un toxicomane qui a néanmoins un authentique problème d’alcool. À une certaine époque, nous aurions écarté une telle personne. À nos débuts, beaucoup de membres AA croyaient, de façon presque comique, qu’ils étaient de « purs alcooliques», des ivrognes sans aucun autre problème grave. Quand sont apparus parmi nous des alcooliques ex-détenus ou des toxicomanes, ces purs s’indignèrent: «Que vont penser les gens?» Dieu merci, cette attitude insensée a depuis longtemps disparu.

L’un des meilleurs membres que je connaisse s’est «piqué» pendant sept ans avant de se joindre à nous. Mais il avait été auparavant un formidable alcoolique, et son histoire le prouvait. Il se qualifiait donc pour faire partie du mouvement et il ne s’en priva pas. Depuis, il a aidé de nombreux membres AA, et même quelques non-membres qui avaient des problèmes de drogues ou de médicaments. Bien sûr, cela ne regarde que lui et aucunement le groupe AA dont il fait partie, un groupe dont il est membre parce que, de fait, il est alcoolique.

Voilà en substance ce que le mouvement AA ne peut pas faire, pour les toxicomanes ou pour qui que ce soit d’autre. Mais alors que pouvons-nous faire ? Des solutions très efficaces à des problèmes autres que la délivrance de l’alcool sont toujours venues de groupes spéciaux, dont certains fonctionnent à l’intérieur du mouvement, d’autres à l’extérieur.

C’est en 1938 que remonte la création de notre premier groupe spécial. Le mouvement AA avait besoin d’un bureau de services mondial et de publications. Un groupe AA ne pouvait résoudre seul ce problème de services. Nous avons donc formé un conseil d’administration (la Fondation alcoolique) chargé de ces questions. Certains de ces administrateurs étaient des alcooliques, d’autres, des non-alcooliques. De toute évidence, il ne s’agissait pas d’un groupe AA, mais plutôt d’un groupe de membres et de non-membres qui se consacraient à une tâche particulière.

Voici un autre exemple. En 1940, des membres AA de New York qui se sentaient seuls ont formé un club. Ce club comptait des administrateurs et des membres AA qui payaient une cotisation. Longtemps, les membres et les administrateurs du club ont cru qu’ils formaient un groupe AA. Mais, après un certain temps, ils se sont rendu compte que de nombreux membres AA qui assistaient aux réunions du «Old 24th» ne se souciaient absolument pas des activités du club. Il fallut donc séparer complètement l’administration du club (pour ses activités sociales) de l’administration du groupe AA qui y tenait ses réunions. Il a fallu des années de disputes pour prouver qu’on ne peut mêler avec succès un groupe AA à la gestion d’un club. Partout aujourd’hui, ces clubs, avec leurs administrateurs et leurs membres cotisants, sont considérés comme des groupes spéciaux, non comme des groupes AA.

Il en fut de même pour les centres de désintoxication et les maisons de thérapie administrés par des membres AA. Nous ne considérons jamais ces entreprises comme des groupes AA. Elles sont clairement perçues comme des initiatives de personnes intéressées, qui font ainsi un travail utile et souvent méritoire.

Il y a quelques années, plusieurs membres AA ont voulu se lancer dans le domaine de l’éducation sur l’alcool. J’étais l’un de ceux-là. Nous nous sommes associés à des non-alcooliques également intéressés. Ceux-ci avaient besoin de notre expérience, de notre philosophie et de notre point de vue en général. Tout se passa bien jusqu’à ce que certains alcooliques parmi nous révèlent publiquement leur appartenance au groupe d’éducateurs. Le public eut tout de suite l’impression que ce type particulier d’éducation sur l’alcool et Alcooliques anonymes étaient une seule et même chose. Il nous a fallu des années pour dissiper cette impression. La situation est maintenant corrigée, et nous sommes heureux de voir que de nombreux membres AA œuvrent dans ce domaine.

Nous avons ainsi fait la preuve qu’à titre personnel, nous pouvons transmettre l’expérience et les principes AA dans n’importe quel domaine extérieur, pourvu que nous préservions notre anonymat et refusions d’utiliser le nom d’Alcooliques anonymes pour lever des fonds ou faire de la publicité.

Je suis convaincu que ces expériences passées peuvent nous aider à résoudre la confusion qui entoure aujourd’hui la question des narcotiques. Le problème est nouveau, mais l’expérience et les Traditions AA qui permettent de le résoudre sont déjà anciennes et ont résisté à l’épreuve du temps. Résumons-nous.

Nous ne pouvons accepter comme membres des toxicomanes non alcooliques. Mais ceux-ci, comme n’importe qui, peuvent assister à des réunions AA ouvertes, à condition, bien sûr, que ces groupes soient d’accord. On doit encourager les membres qui le désirent à former des groupes qui s’occupent des problèmes de drogues ou de sédatifs. Mais ces groupes doivent s’abstenir de se présenter comme des groupes AA.

Il ne semble pas y avoir d’empêchement à ce que des membres AA puissent, s’ils le désirent, se joindre à un groupe de simples toxicomanes, pour résoudre ensemble le problème d’alcool et le problème de drogue. Mais un tel groupe, ayant un double objectif, ne devra évidemment pas chercher à se faire passer pour un groupe AA ni à se servir du nom d’AA dans son appellation. Ses membres simples toxicomanes ne devront pas, non plus, être amenés à croire qu’ils sont devenus des membres AA en raison de cette association avec des membres du mouvement.

Il y a toutes les raisons du monde pour que des membres AA intéressés puissent se joindre à des groupes extérieurs qui s’occupent des problèmes de drogues, pourvu que nos Traditions d’anonymat et de non-affiliation soient respectées. En conclusion, je voudrais dire qu’au fil de l’histoire du mouvement, la plupart de nos groupes spéciaux ont réalisé de grandes choses. Nous avons toutes les raisons d’espérer que nos membres qui œuvrent aujourd’hui dans le dur domaine de la toxicomanie connaîtront un succès identique. Dans le mouvement AA, le groupe est soumis à des limites strictes, mais pas le membre. S’il respecte les Traditions de l’anonymat et de la non-affiliation, celui-ci peut transmettre le message AA dans toutes les zones troubles de notre monde très troublé.

DÉCLARATION D’UNITÉ
Parce que nous sommes responsables de
l’avenir des AA, nous devons : placer notre
bien-être commun en premier lieu et préserver
l’unité de l’association des AA, car de cette
unité dépendent nos vies et celles des
membres à venir.

Je suis responsable…
Si quelqu’un quelque part tend la
main en quête d’aide, je veux que celle
des AA soit toujours là.

Et de cela : Je suis responsable.

FP-35